Oops, uncovered ? Hello ! (ft. Artemisia)

Oops, uncovered ? Hello !

petit guide pratique pour enquiquiner un assassin

Artemisia avait arrêté de compter le temps passé à marcher. A vrai dire, elle avait arrêté il y a plusieurs années déjà. Les minutes, les heures et les secondes étaient devenus des concepts secondaires quand elle voyageait. Ils ne régissaient que très peu ses activités, aussi avait-elle décidé qu’il était inutile de trop en tenir compte. En particulier lorsqu’elle avait davantage les habitudes d’un animal nocturne. Plutôt que celles d’un humain intégré à la société. Tout du moins, lorsqu’elle passait son temps en pleine forêt.

Le froissement des feuilles et  la bruissement des vents lui manquaient parfois, quand elle s’éloignait trop longtemps des montagnes. Ils lui semblaient plus doux que la chahut incessant des villes – surtout des grands villes. Et quand bien même elle ne cessait de s’émerveiller devant l’activité humaine, elle se sentait rapidement prise par l’envie de retrouver ses forêts. En particulier après un job fatigant.

Padokea était une contrée qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion d’explorer en long, en large et en travers, mais Artemisia savait se montrer patiente. Elle avait, après tout, toute la vie devant elle. Si beaucoup semblaient venir pour l’attraction national – à savoir, la famille Zoldyck, elle n’en montrait que peu d’intérêt. Ou pas du tout, en fait. L’idée la conviait entre indifférence et consternation. Mais peu importait, elle n’était pas là pour ça.


Elle avait commencé à suivre un fin cours d’eau à l’aube, charmée par les reflets dansant d’un soleil   rougissant. Elle s’en était éloignée alors que l’astre atteignait son zénith. Elle pensa un temps rejoindre la civilisation, se mêlait au bouillonnement humain pour y casser la croûte et peut-être y trouver un endroit où loger la nuit. Puis se raviva.


Rien ne l’y pressait. Vraiment.

Le ciel était encore dégagé – elle doutait que le mauvais temps ne l’oblige à s’abriter cette nuit, et elle sentait encore une légère envie de se perdre dans les bois. Peut-être même qu’elle s’abandonnerait à l’idée d’une course folle contre un renard. Si elle en croisait un. Où alors choisirait-elle d’observer des écureuils se battre pour de la nourriture.


Artemisia poussa son premier soupire vers la fin d’après-midi. Certes, elle n‘avait pas prévu de reprendre le chemin  de la ville avant le lendemain, mais elle n’avait aussi aucune idée d’où elle pouvait bien se trouver. Elle se demanda à quel point la forêt l’avait happée. Ses yeux, habitués à observer le bois, repérèrent assez facilement un pin suffisamment grand pour lui donner un panorama intéressant. Une fois au sommet, non pas sans s’être arrêtée à mi-chemin pour sourire à un oisillon dans son nid, elle s’autorisa à apprécier la vue.

Mer verte à perte d’horizon, la forêt lui offrait rarement la chance de se présenter comme telle.  Plus souvent en son antre qu’à sa surface, Misia devait bien s’avouer qu’elle ne s’autorisait pas assez souvent une pause dans les plus hauts sommets. La prochaine fois, elle essaierait de conquérir une montagne. Ce serait sans doute amusant.
Après plusieurs minute – où était-ce une heure ? Le temps lui échappait – elle s’apprêta à descendre. Pour se figer en sentant une présence nouvelle. Aussi furtive que la sienne. Avec la plus grande délicatesse, elle s’accrocha à l’écorce pour se glisser quelques mètres plus bas, jusqu’à apercevoir l’intrus qui avait interrompu son temps d’allégresse.

Un humain. Un homme, plus précisément. Cheveux noirs, arme en main. Un utilisateur de Nen. Et quelques branches en-dessous d’elle qui plus est.

Artemisia choisit le silence et le secret. Bien que l’inconnu avait déjà repéré sa présence.





Ah. Et pas un individu des plus plaisants. La question la crispa presque, mais elle avait bien trop de contrôle sur elle-même pour laisser une tension aussi brève soit-elle se faire sentir. Elle soupira mentalement, pour la seconde fois à présent, puis se raisonna. De toute évidence, l’individu ne montrait aucun signe d’agressivité envers elle, en tout cas, et son arme était effectivement pointé vers quelqu’un d’autre.





La malice envahissant rapidement ses paroles et son attitude générale, la jeune femme se permit un rictus amusé. S’il ne lui avait adressé aucun regard, Artemisia ne choisit pas non plus d’entrer en contact direct. Elle était plutôt à l’aise, perchée sur sa branche, et n’avait aucune obligation à descendre. S’il voulait la voir, ce serait à lui de faire un effort.

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Bien joliment perchée sur sa branche, Artemisia ne ressentit pas l’envie de bouger. Elle s’était même permise de se mettre plus à l’aise en posant le menton sur ses genoux repliés. La présence d’un assassin à quelques mètres d’elle ne la dérangeant visiblement pas. Une action innocente qui aurait pu transpirer insolence et imprudence si elle n’était pas sincèrement à l’aise avec une présence menaçante à ses côtés. Il faut dire qu’elle n’était pas la cible de l’assassin, alors pourquoi s’en inquiéter ? Dans le pire des cas, elle saurait s’échapper, reine de la fuite qu’elle était. Surtout en pleine forêt.

Alors, bien sûr, elle s’était d’autant plus permise un peu d’humour, bien à sa façon. Rien de bien méchant en cela, il s’agissait juste de son penchant naturel pour titiller tout individu croisant son chemin. Ami comme ennemi. Le plus intéressant étant bien évidemment de susciter des réactions chez les autres. Ah, ce qu’elle pouvait se montrer insupportable. A ses risques et périls.


La réactivité quasi-inexistante ne la vexa pas, mais la déçut juste un peu. Assez prévisible malgré tout ; tout bon assassin se respectant, et respectant son travail, n’aurait pas sourcillé en réponse à ses paroles. Malgré tout, cela lui donna presque envie de trouver la remarque qui mettrait un peu de tension dans l’air. Pour l’heure, l’air était serein, si serein qu’un oiseau n’avait pas hésité à chanter à quelques centimètres d’elle.





C’était plutôt à prévoir. Il n’avait pas l’air du genre à se formaliser d’un meurtre ou deux. La présence d’Artemisia ne l’avait même pas fait broncher. Il était donc suffisamment sûr de lui pour tuer sans craindre de représailles. Ou presque. La mention de ses Maîtres intrigua cependant la jeune femme. Un assassin travaillant sous contrat ne l’étonnait pas – elle-même avait déjà eu droit à ce genre de jobs une fois ou deux, mais le contexte sous-entendait une certaine familiarité.

Elle arqua un sourcils, ses méninges travaillant déjà à décortiquer la vie privée d’un inconnu dans le but d’en tirer un peu de divertissement.





Elle en ricanait presque. Sa voix jouait davantage sur un amusement léger qu’une véritable malveillance, mais elle ne doutait pas qu’elle était probablement exaspérante. Peu importait, elle n’avait vraiment rien de mieux à faire. Et ce n’est pas comme si elle allait recroiser cet inconnu plus tard. Autant s’amuser maintenant qu’elle le pouvait.





Oh, voilà qu’on essayait de la remettre à sa place. Pour la 100ème dans sa courte vie, au moins. Artemisia ne put s’empêcher de pouffer de rire, bien que discrètement.





Au moins, elle se montrait honnête. Et si Misia devait aller plus loin, elle avouerait volontiers que les notions de bien et de mal était trop relatives et personnelles pour qu’elle ne base ses actions dessus. La situation dont elle était témoin à l’instant même prouvait son raisonnement ; l’ironie était toute trouvée.

Elle s’arracha de ses pensées quand elle entendit l’individu maugréer quelques mots avant de dématérialiser son arme. Elle n’avait pourtant pas entendu de coup de feu. L’envie meurtrière qui s’échappa de lui la força cependant à focaliser son attention sur lui de nouveau. Elle ne bougea pas pour autant, ne se considérant pas en danger malgré la menace qui émanait plus bas. A la place, elle se posait d’autres questions. N’avait-il donc pas tué sa cible ? Hm. Un peu décevant, mais ce n’était pas ses affaires.  

Il bondit alors pour être à sa hauteur et elle sentit son confort tomber avec quelques feuilles autour. Cela faisait bien quelques jours qu’elle n’avait pas eu de contact en face à face avec quelqu’un. Elle n’avait pas prévu de reprendre sa vie sociale avant une demi-semaine, au moins. Pourquoi fallait-il donc que cet assassin vienne mettre en péril sa tranquillité… Bon, peut-être y était-elle pour quelque chose. Non pas qu’elle l’avouerait si facilement.





Artemisia soupira. Suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre. Puisqu’il semblait si déterminé à épuiser son quota de sociabilité ? Était-ce là sa vengeance pour avoir foiré son boulot ? Etait-elle même la raison dudit foirage ? Tant pis. Elle s’arrangerait pour l’ennuyer jusqu’à le faire fuir.





Ni une ni deux, elle avait sorti son portable et prit un cliché de l’inconnu, un sourire mesquin lui étirant les joues.





Si le ton se voulait d’une honnêteté presque parfaite, le sourire malicieux qu’elle affichait sans retenue jetait des doutes sur ladite honnêteté. Mais Artemisia devait bien avouer qu’elle se montrer curieuse quant aux Maîtres en question. Et elle prenait toujours soin de satisfaire sa curiosité. Même si sa vie en dépendait, ce qui arrivait parfois. Non pas qu’elle regrettait ses prises de risques. Les résultats étaient en général bien trop plaisant pour qu’elle n’y trouve à redire. Et parfois décevant, malgré tout, mais sans jamais aucun regret.

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