Léger-e comme une plume

"C'est un garçon ou une fille ?" Combien de fois avait-t-iel entendu cette question sur son passage ? Ca ne l'empêchait pas de sourire. En réalité, iel n'était ni l'un, ni l'autre. Mais la société se satisfaisait de la binarité. Du coup, iel en jouait. Iel aimait provoquer la confusion. Pas besoin d'être androgyne pour être non-binaire, mais iel avait appris très jeune que ça lui était utile. Parfois, ça pouvait lui jouer des tours, mais souvent, iel s'en servait pour obtenir des privilèges masculins mais aussi pour séduire et manipuler. Iel était gagnant-e peu importait comment iel était perçu-e. Il fallait juste qu'iel joue bien ses cartes.
Pour garder cette image, iel se coupait régulièrement les cheveux pour les avoir courts et iel les colorait. Rose d'un côté et bleu de l'autre. Toujours en bataille. Son entraînement régulier avait dessiné ses muscles. Iel portait également des vêtements amples pour cacher les formes qu'iel voulait dissimuler et pour pouvoir bouger comme iel voulait, s'habillant toujours de manière très colorée. C'était pour iel un moyen de se cacher. De cacher toutes ses pensées, tout son passé. Ce n'était pas pratique pour se fondre dans le décor, mais ce n'était pas ce qu'iel voulait. Iel voulait qu'on lae remarque, qu'on se demande s'iel existait vraiment ou si ce n'était qu'un mirage. Les couleurs lui permettaient également de se rappeler qu'iel était en vie.
Son visage était souvent affublé d'un grand sourire qui ne présageait rien de bon. Il donnait même des frissons, du bas du dos jusqu'au cou. Souvent maquillé-e, iel montrait un visage autre que le sien. Du rouge à lèvres qui déborde, des points, des losanges, des lignes. Des formes qui s'entremêlaient à se perdre. Seuls ses yeux étaient sincères. Elle ne pouvait les dissimuler derrière un masque. C'était la porte de sa sincérité. Ils exprimaient à la fois sa douleur, ses espoirs, son avidité, mais surtout sa volonté de rêver.

Iel était solitaire, sans attache. Iel avait trop peur qu'on lui fasse du mal alors iel se tenait éloigné-e des gens. Du moins, iel les empêchait de rentrer dans son coeur, parce que ça faisait trop mal quand ils en sortaient. Son coeur n'était pas fait de pierre mais il était entouré d'une sacrée barricade.
Comme pouvait le laisser penser l'apparence qu'iel se donnait, iel aimait être remarqué-e, sortir de cet oubli où iel avait toujours vécu. Iel voulait l'attention, sans être importuné-e. Alors, iel se rendait inaccessible, parce que c'était le seul moyen pour ça. En plus de ça, iel avait tendance à effrayer les gens et à les dissuader d'approcher.
Sa frontière entre immaturité et responsabilité était floue. Iel avait toujours su se débrouiller et faire le nécessaire pour survivre, mais ça ne lui avait pas appris à être prudent-e. Iel vivait au jour le jour sans se soucier des lendemains et n'avait donc aucun filet de sécurité en cas de pépin. Ce sentiment d'insécurité lui permettait de se poser les bonnes questions et de se rappeler qui iel était et d'où iel venait. Iel était fier-e du chemin parcouru.
On ne pouvait pas dire qu'iel était la gentillesse incarnée. Iel préférait semer le trouble. Mais quand iel croisait des gens qui en valaient la peine, alors iel leur donnait un petit peu de bonheur grâce à ses illusions. C'est tout ce qu'iel pouvait faire pour ces gens que la vie avait abandonné. Bien sûr, iel préférait largement donner des cauchemars. C'était plus divertissant. D'un naturel impatient, iel avait tendance à être implusif-ve et à avoir le sang chaud. Il lui fallait tout et tout de suite. Parfois ça lae mettait dans des situations délicate. Mais iel s'en était toujours sorti-e grâce à ses atouts. Iel se croyait invincible mais ne tenait pas la vie pour acquise.

Iel venait de l'étoile filante. Tout le monde savait comment c'était là-bas. Iel s'y était retrouvé-e parce que personne n'avait voulu d'iel. Personne ne voulait jamais d'iel. Iel était trop différent-e, ne rentrait pas dans les cases, les normes. Alors iel s'était fait-e sa propre case, là où iel était en sécurité. Iel se débrouillait très bien seul-e. Une fois seulement, iel avait eu de l'aide. C'était durant tout un pan de sa vie, son enfance. Une dame aux longs cheveux dorés l'avait pris sous son aile. Iel l'apparentait à un ange. Iel ne savait pas comment ses cheveux pouvait être si brillants dans ce monde délabré et ça l'étonnait constamment. Elle lui appris tout ce qu'elle savait. Mais un jour elle décéda. C'était monnaie courante ici. Ca passa inaperçu, sauf pour Plume qui décida de ne plus jamais aimer.
Iel en avait vécu des choses horribles et des traumatismes et ce n'était certainement pas des choses dont iel avait envie de parler. La mort, la faim et la désolation l'entouraient. Tout était sombre, en partant de la fumée qui s'échappait des déchets toxiques jusqu'au ciel qui ne savait plus comment s'éclaircir. Iel avait toujours vécu caché-e. Pour survivre, iel avait fait preuve de stratégie, jouant de ses charmes pour obtenir à manger, jouant de son apparence pour apprendre à se battre. Iel s'entraînait quotidiennement pour pouvoir affronter le grand méchant monde. Aller voir d'autres horizons. Mais pour cela, iel devait déjà pouvoir sortir d'ici. Iel avait entendu que des gens recrutaient des assassins en ce lieu, mais iel ne se sentait pas capable de tuer. Alors iel restait en retrait, élaborant son propre plan d'évasion. Quand enfin, iel pu s'en aller d'ici, iel se dit qu'iel n'y remettrait jamais les pieds. Pourtant parfois iel se prend à être nostalgique de ce lieu qui l'acceptait comme iel était.
Découvrant un autre univers et une nouvelle façon de vivre, iel eu vent de l'examen Hunter et y participa pour tester ses capacités et ses limites. Iel se fit éjecter rapidement. Mais iel ne lâcha pas prise et l'obtint à sa troisième tentative. Entre temps, iel avait appris à s'affirmer, à assouvir ses désirs et à faire ses propres choix, non pas contraints par les circonstances. Iel apprit à utiliser le Nen. S'iel n'étaot pas capable de tuer des gens, ça ne lui posait aucun problème de les faire sombrer dans la folie. Iel voulait que les gens souffrent comme iel avait souffert. Iel se sentait moins seul-e comme ça. Certains pliaient avant même d'avoir vu un fragment de ce qu'iel avait enduré. Pathétiques. En développant ses facultés, iel s'était rendu-e compte, qu'iel ne pouvait pas seulement donner sa douleur, iel pouvait aussi prendre le bonheur des autres. Cela ne durait que peu de temps, mais ça lui faisait un instant de répit. Qu'est-ce qu'iel aurait aimé vivre dans les rêves des autres pour toujours...